Et si les agents IA avaient remplacé la recherche en ligne ? C’est à cette question que David Eichholtzer, dirigeant de l’Agence WAM, a voulu répondre par le biais d’une fiction dystopique. Abondance relaye cette lecture d’été, pour aider chacun à dessiner son futur. Bonne lecture !
Juin 2032 : la disparition silencieuse de la recherche
L’intelligence artificielle générale (AGI) est devenue une réalité. Elle dépasse les capacités humaines dans l’analyse, la création, la planification, l’exécution et la résolution de problèmes. Rapidement intégrée dans des agents intelligents personnels, elle a bouleversé le quotidien numérique de tout un chacun. Elle n’est plus une promesse lointaine ni une expérimentation technologique. Après les centaines de milliards de dollars investis par les entreprises technologiques (Microsoft, Alphabet, Amazon, OpenAI, Meta…), l’AGI, née officiellement au tournant de l’année 2030 chez Meta (avec son projet Atlas, souvent comparé au projet Manhattan…), a définitivement changé le web. Il n’aura fallu que deux ans à l’AGI pour se fondre dans notre quotidien, jusqu’à en remplacer des gestes que nous pensions immuables.
Au premier rang desquels, la recherche d’informations en ligne.
Ce réflexe humain — taper une question dans Google, lire, comparer, évaluer, cliquer — a disparu sans bruit. Parce que l’utilisateur de 2032 ne cherche plus. Il délègue.
Chaque individu dispose désormais d’un agent personnel AGI connecté à toutes ses données personnelles, ses préférences, son historique et ses routines. L’agent anticipe les besoins, fait des suggestions, filtres les biais, agit en autonomie sur les plateformes, prend des rendez-vous, réserve, commande, apprend et interagit. La recherche manuelle est devenue marginale.
Le Search à l’ère de l’AGI est devenu un service invisible, silencieux, algorithmique. Un paradigme baptisé : Search-to-Serve.
De Google Search à l’AGI : la fin d’un règne
Google, qui régna pendant deux décennies sur l’accès à l’information mondiale, n’est plus le passage obligé.
Google a connu une lente érosion statutaire :
- Le navigateur Chrome, qui avait échappé de justesse à la vente forcée dans le procès qui opposait sa maison mère Alphabet aux USA (autorité Antitrust), n’est plus utilisé pour rechercher : les utilisateurs interagissent désormais directement avec leur agent personnel ubiquiste, sans passer par un moteur ou un navigateur,
- Google Search n’est plus incontournable : après que le juge Mehtaa a ordonné la rupture du contrat entre Google et Apple (pour être le moteur de recherche par défaut dans le navigateur Safari), en août 2025, Google Search connu un déclin régulier de ses parts de marché, perdant en moins de 7 ans, son statut d’acteur hégémonique,
- Si Android reste utile dans ce nouvel environnement Agent-First, c’est désormais le duopole Meta et OpenAI qui domine l’expérience IA Agent.
Et le SEO dans tout ça ?
Le SEO tel que nous l’avons connu jusqu’au tournant de l’année 2025 et l’année 2026 a disparu : plus de SERP, plus de snippets, donc plus de clics pour les marques. En réalité, la visibilité digitale a muté :
- En 2024, nous parlions encore de SEO : Search Engine Optimization.
- En 2027, nous parlions de visibilité dans les LLM, via l’éphémère GEO (Generative Engine Optimization) : citations, mentions de la marque.
- En 2032, le seul enjeu pour la marque est : être convoqué comme réponse par un agent.

Cette nouvelle ère, c’est celle de l’AEO
C’est la naissance de l’Agent Engine Optimization (AEO) : la capacité d’une marque à exister dans un écosystème d’AGI.
Un agent AGI ne parcourt pas un site web. Il interroge des graphiques de connaissance structurés. Il ne clique pas. Il sélectionne. Il ne cherche pas des mots-clés. Il recherche des preuves vérifiées.
Et pour cela, il se tourne vers les seules sources qu’il estime fiables : les entreprises qui publient leur savoir sous forme interrogeable, certifiée, actualisée. Concrètement, les entreprises optimisent leur présence dans les réponses des agents, en structurant leur contenu selon des formats compréhensibles par les AGI :
- Graphes de connaissance internes,
- Fiches d’information standardisées,
- APIs ouvertes aux agents,
- Voix officielles certifiées,
Le graphe de connaissance, nouveau site web de l’entreprise
Le site web n’a pas disparu, mais il ne suffit plus.
La porte d’entrée vers la marque, en 2032, n’est plus la homepage. C’est le graphe de connaissance, une base sémantique dans laquelle chaque entité de l’entreprise (produits, process, personnes, cas client, normes, preuves, variations, avis) est reliée, documentée, versionnée.
Voici son rôle pour l’entreprise : ce graphe est interrogeable par les agents AGI via des API intelligentes, alimentées en temps réel par les données internes de l’entreprise : CRM, ERP, DAM, PIM, support client, etc.
Il devient l’équivalent d’un cerveau public de l’organisation, une version intelligible, accessible, et crédible de son identité cognitive.
Qu’est-ce qu’un graphe de connaissance d’entreprise ?
Il s’agit d’un réseau sémantique vivant, exploitable par les agents IA pour :
- Répondre à une question,
- Générer une recommandation,
- Anticiper un besoin,
- Formuler une comparaison,
- Structurer un argument.
Ce graphe devient en quelque sorte la nouvelle interface de contact entre l’entreprise et le monde cognitif numérique.

La crise de confiance a redéfini la crédibilité
Mais l’enjeu ne se limite pas à “rendre disponible” l’information. En effet, entre 2025 et 2028, l’explosion du contenu IA génératif a conduit à une crise de confiance massive dans le monde :
- Faux avis,
- Deepfakes de dirigeants,
- Contenus clonés,
- Etudes inventées.
Résultat ? Les agents IA, pour protéger leurs utilisateurs et leur propre réputation, ont commencé à filtrer radicalement les sources selon leur niveau de fiabilité prouvée.
C’est sur ces bases que le label CertiTrust, délivré par la GATA, Global Authority for Trusted Assertions, est née. Ce système de certification de transparence évalue la qualité, la vérifiabilité / traçabilité, l’origine et la mise à jour des données publiées par les entreprises de chaque pays membre.
A propos de la GATA
Fédérant 193 pays membres, la GATA est un organisme mondial (un peu comme l’ONU pour la paix), neutre, chargé d’auditer, certifier et scorer la transparence des entreprises, dans un monde où la vérité doit être prouvée pour être servie. Elle est chargée d’unifier les protocoles de confiance entre humains, entreprises et intelligences artificielles.
Cette certification payante B2B permet aux entreprises de faire auditer et authentifier leurs données publiques,
Exemple :
- Stocks et disponibilités produits, en temps réel,
- Spécifications techniques, fiches produits,
- Avis clients horodatés et vérifiés,
- Origine des contenus (humains ou IA générative),
- Traçabilité, conformité et preuve de mise à jour,
En 2032, un agent AGI ne consulte même pas les données d’une entreprise sans score CertiTrust minimum.
“Si une marque ne possède pas cette certification, elle est invisible aux intelligences qui assistent des millions d’utilisateurs chaque jour.”
Search-to-Serve : Un exemple, Antoine, 38 ans, et son repas du soir
Pour comprendre concrètement ce monde nouveau, regardons un moment banal de la vie d’un utilisateur :
Antoine a 38 ans. Il habite à Nantes. À 12h15, il pense : “Ce soir, j’ai envie d’un repas sain, simple, mais je n’ai pas le temps de cuisiner.”
Il ne parle pas. Il ne tape rien.
Son agent AGI personnel, Naia, capte l’intention (habitudes, horaires, lieu, …) Elle interroge les agents AGI de Frichti, Seazon et Maison Plume.
Chacun accède à son graphe produit : menus, allergènes, disponibilité, avis clients.
Un service est écarté (score CertiTrust insuffisant). Deux options sont reformulées et proposées. Antoine n’a qu’à valider par la voix.
Antoine choisit une lasagne veggie, livrée à 18h35. Aucune recherche. Aucun clic. Aucun site.

Description de l’écosystème Search-To-serve :
- L’utilisateur ne tape rien → il formule une intention.
- Son agent AGI personnel reçoit, comprend, formate cette intention.
- L’agent interroge des AGI d’entreprise via des APIs AGI-ready.
- Ces agents accèdent à leurs graphes de connaissance internes, certifiés et actualisés.
- Les données sont filtrées selon des critères de confiance, contexte, réputation.
- La réponse optimisée est restituée à l’utilisateur, sans qu’il ait consulté un site.
Derrière cette fluidité : un écosystème technique de nouvelle génération
L’architecture technique de la visibilité 2032 repose sur :
- Une base de données sémantique
- Des connecteurs avec toutes les sources internes (ERP, CRM, PIM…)
- Des APIs interrogeables par agents AGI
- Un moteur de certification et versioning
- Un moteur de routage cognitif pour adapter la réponse au contexte
- Une console de pilotage pour superviser la réputation cognitive
“Avec l’avènement des agents IA, on est passés d’un web d’opinions à un web de preuves. Et dans ce web-là, la seule chose qui vaille, c’est ce qu’on peut vérifier”.
Les signaux faibles de cette transformation étaient déjà là fin 2025, début 2026 :
- Les assistants IA intégrés dans les OS (Copilot/Microsoft, OpenAI/Apple Intelligence, Android/Gemini) prenaient de plus en plus la main sur l’accès à l’information face aux moteurs classiques,
- Les interfaces conversationnelles ont très vite remplacé l’accès aux résultats : Perplexity, ChatGPT, ou Claude, étaient les prémices de Search-to-Serve.
- Les contenus IA low-cost saturaient les canaux traditionnels, rendant les moteurs de recherche moins fiables, moins lisibles, ce qui a contribué à leur déclin.
Le vrai enjeu des marques : être convocable
Jusqu’en 2025, le SEO se jouait sur les mots-clés et l’intention sous-jacente. Désormais, l’AEO se joue sur la fiabilité, la structure et l’autorité cognitive de la marque. En effet, les utilisateurs ne vont plus vers vous, c’est leur agent qui décide (sans eux) si vous méritez leur attention sans que cela ne puisse être monnayé.

L’inévitable ère de l’AGI et du Search-To-Serve
Les entreprises sont passées de la logique “je produis un contenu optimisé” à une stratégie “je nourris un écosystème d’agents” :
- Elles créent des micro-agents ambassadeurs, connectés à leurs bases de données,
- Publient des graphes ouverts (produits, services, expertises, ..),
- Participent aux LLM-RAG publics, sortes de bases de savoir accessibles à tous les agents (équivalent de Wikipédia + Stack Overflow).
En somme, le “content marketing” est devenu le “knowledge marketing”.
Pourquoi cette évolution a-t-elle eu lieu ?
Le temps cognitif humain est devenu trop cher. L’AGI permet d’optimiser toutes les interactions : gain de temps, suppression du bruit, anticipation des besoins.
Les interfaces web étaient devenues inefficaces. Les SERPs étaient surchargées, manipulées, biaisées. Les agents AGI, eux, dialoguent, contextualisent, expliquent.
Le web était devenu illisible pour les humains, mais pas pour les LLM. Le passage d’un web pour humains à un web pour machines a redistribué les cartes.
Aujourd’hui, les utilisateurs n’ont plus besoin d’aller vers l’information : elle vient à eux, au bon moment, au bon format, via leur agent.
Pour les entreprises, le contenu doit être interrogeable, certifié et structuré. Le seul enjeu : être la réponse de confiance.
“En 2032, vous n’êtes plus “trouvés, vous êtes invoqués”
Se poser les bonnes questions pour préparer l’avenir
Cette dystopie soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Mais les 5 questions ci dessous méritent sans doute d’être posées dès aujourd’hui, autour de la table du COMEX de votre entreprise ou dans vos prochains plans stratégiques, pour appréhender le futur de la visibilité de votre marque :
- Ma marque est-elle aujourd’hui interrogeable, au-delà de son site web ?
Si un Agent IA devait répondre à la place d’un utilisateur, aurait-il accès à des sources fiables, structurées, récentes et cohérentes sur ma marque ? - À quoi ressemblerait mon graphe de connaissance si je devais en construire un demain ?
Ai-je une cartographie claire de mes produits, services, preuves, experts, FAQ, datas structurées, etc. ? Et sont-elles exposables aux intelligences ? - Quelles sont les 3 thématiques clés que je veux dominer demain… et suis-je déjà absente des premières réponses conversationnelles actuelles ?
Testé sur ChatGPT, Perplexity, Google AIO, Copilot ? - Qui dans mon organisation possède aujourd’hui la responsabilité de la “véracité exploitable” de mes contenus ?
Existe-t-il un lien entre mon équipe marketing, le juridique, la data, le support client ? Et sinon, par où commencer ? - Quelle serait la “certification de transparence” de ma marque si un Agent IA devait m’évaluer demain ?
Suis-je perçu comme une source fiable, documentée, vérifiable et régulièrement mise à jour ? Ou comme un bruit supplémentaire dans la masse informationnelle ?
L’article “A quoi ressemblera le Search marketing en 2032 ? [Récit fiction]” a été publié sur le site Abondance.